News
« REGARDER LES MENACES EN FACE »
Conférence du général de corps d’armée Vincent GUIONIE
La Chartreuse à Cahors le 30 novembre 2024
Présentation de l’intervenant : Le GCA Vincent GUIONIE a intégré l’école spéciale militaire de Saint-Cyr (promotion général de Monsabert) en 1982. A l’issue, il choisit les troupes de marine et sert au 8ème Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine de Castres. Il participe à de nombreuses opérations en outre-mer et territoires extérieurs : Tchad, Guyane, Cambodge, Ex-Yougoslavie, Côte d’Ivoire, Mali… la liste n’est pas exhaustive. Il assume aussi diverses fonctions au sein de l’Etat-Major des Armées. Il prend en 2005 le commandement du 8ème RPIMA de Castres. D’autres responsabilités lui valent en 2018 le rang et l’appellation de général de corps d’armée. Il prend le commandement des forces terrestres à Lille. Il fait ses adieux aux armes le 15 novembre 2002 au 8ème RPIMA auquel il reste profondément attaché. Il est titulaire de nombreuses décorations : il est notamment commandeur de la légion d’honneur et de l’ordre national du mérite.
Conférence :
On pensait vivre une paix éternelle mais le changement actuel de paradigme nous fait plutôt penser à l’enfer. Pourtant ce n’est sans doute ni l’un, ni l’autre : encore faut-il regarder les menaces en face.
En effet, ce n’est certainement pas la fin du monde mais la fin d’un monde. Nous subissons aujourd’hui les mêmes bouleversements qu’au XVème siècle. L’avènement du numérique est comparable à la découverte de l’imprimerie alors et celle de la poudre à canon qui a révolutionné l’art de la guerre. Tout est remis en question comme l’a été la chrétienté au XVème siècle avec Luther. Nous sommes bouleversés par les grandes inventions de notre temps.
La France consacre 2 % de son PIB aux dépenses de défense. Les prestations sociales et la santé, respectivement 45 % et 15 % du PIB pèsent pour plus de 60 % de celui-ci. L’enseignement traditionnel et supérieur représente 9 % du PIB.
Après la chute du mur de Berlin, on assiste à un bascule historique. Le monde occidental s’étend en Europe avec des flux et des reflux. On assiste à l’effondrement du bloc soviétique et la montée en puissance de la Chine et de l’Asie. La Corée du Sud est comparable à la France. Il faut aussi évoquer la crise de l’Islam.
Finalement, ce n’est plus l’Europe qui impose sa vision du monde. Les conflits se concentrent dans le monde slave. Le monde arabo-musulman est confronté à des insurrections, des guerres civiles, des guerres entre Etats et des interventions internationales.
On ne résoudra pas les problèmes du monde musulman. Le terrorisme s’exporte par l’intermédiaire des diasporas. La paix finalement ne concerne que peu de monde : Le Centre Europe et l’Amérique du Nord.
L’Amérique latine est confrontée aux tensions traditionnelles qui se caractérisent par une grande criminalité et un sentiment anti-gringos.
L’Indopacifique constitue un nouvel espace de développement et de frictions avec la nucléarisation de son espace : Inde, Pakistan, Corée du Nord et demain certainement l’Iran.
La guerre n’est donc pas étrangère au monde, bien au contraire. Comme le disait Carl von Clausewitz, la guerre est un caméléon :
- Délitements d’états ;
- Puissance des organisations criminelles ;
- Recours désinhibé à la force ;
- Extrémisme religieux ;
- Prolifération nucléaire.
Les guerres sont totalement anachroniques : on tue l’ennemi de plus en plus loin. La détection et la frappe sont en revanche de plus en plus courtes.
L’imbrication et la brutalité des combats sont devenus la norme : Les combats ont lieu dans les villes et non plus dans les milieux ouverts. La guerre, c’est un combat à mort.
L’engagement des armées se caractérise par :
- Un appui aux forces de sécurité : ex. Vigipirate ;
- Un appui aux armées amies ;
- Des opérations de guerres par rapport à un ennemi déclaré.
A cela, il faut ajouter la dialectique nucléaire pour les pays qui la détiennent et dont les intérêts vitaux sont protégés par la dissuasion.
Perspectives :
En Europe, nous sommes confrontés à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. La moyenne d’âge des militaires ukrainiens s’établit à 41 ans.
L’Afrique va continuer à émigrer vers le Nord.
Les Mexicains en revanche, n’émigrent plus vers les Etats-Unis car ils ont atteint un niveau de vie suffisant.
La Turquie, quant à elle, joue son propre jeu et constitue en Europe, le cheval de Troie.
Les armées jouent un rôle intégrateur de la population. C’est un outil à disposition de la Nation. La Légion étrangère constitue, à ce titre, le modèle d’intégration par excellence. Si généralement on meurt pour l’entité la plus élevée, on meurt aussi pour l’entité affective. L’une est imbriquée dans l’autre.
